Des sécheresses de plus en plus fréquentes

L’augmentation de la fréquence et de l’intensité des sécheresses constitue un des principaux marqueurs de l’évolution du changement climatique au niveau régional. Ces épisodes se caractérisent par un déficit prolongé de précipitations qui peut s’accompagner de températures anormalement élevées.

Ces « sécheresses météorologiques » peuvent se propager aux différents compartiments du cycle de l’eau, causant des « sécheresses hydrologiques » que l’on étudie à partir de l’observation des débits des cours d’eau. Lorsque les écoulements atteignent leurs niveaux les plus bas, on parle d’étiage.

Le catalogue des débits d’étiage, ancien mais actuel

Le catalogue des débits d’étiage constitue un référentiel des débits d’étiage sur l’ensemble du bassin Rhin-Meuse. Il fournit notamment des valeurs de référence pour la mise en œuvre de la loi sur l’eau de 1992. Ce référentiel se base sur la période 1971-1990 et MAJORE a pour objectif la Mise À Jour de ce Référentiel d’Etiage.

En quoi la mise à jour est-elle importante ?

Prenons l’exemple de la Moselle à Epinal pour illustrer ces évolutions. Son débit moyen annuel a diminué, passant de 39 m3/s sur la période 1971-1990 à 34 m3/s sur la période 2003-2022. L’ancien catalogue des débits surestime donc les écoulements alors que les règles de gestion de l’eau et l’estimation des volumes prélevables s’appuient sur ces valeurs. L’enjeu est de taille !

Pourquoi le référentiel s’appuie-t-il sur une période aussi ancienne ?

Cette mise à jour finalement tardive peut étonner. Elle s’explique pourtant par un contexte jusqu’alors stationnaire, dans lequel les valeurs de référence restaient globalement inchangées quelle que soit la période de calcul.

Qu’est-ce que la non stationnarité ?

Depuis 2015, on observe presque chaque année des sécheresses et des étiages marqués. La fréquence de ces événements extrêmes augmente et les écoulements dans les cours d’eau en période de basses eaux diminuent de manière significative.

En comparant les débits de la période ancienne (1971-1990) à ceux de la période récente (2003-2022), on constate ainsi que des événements qui se produisaient en moyenne une année sur 5 à l’époque apparaissent plus fréquemment, environ une année sur 3.

Si ces épisodes autrefois exceptionnels deviennent la norme, alors les valeurs de référence calculées sur la période 1971-1990 ne représentent plus les étiages récents et doivent être mis à jour.